Sur ses toiles, Magali Cazo donne vie à des silhouettes énigmatiques et évocatrices. Ses œuvres captivent par la manière dont les contours se fondent, créant un flou délibéré qui accentue l'ambiguïté et la profondeur de ses sujets. Les femmes de Cazo se murmurent à l'oreille, leurs formes éthérées suggèrent une vulnérabilité et une sensualité teintée de force. Elles ne sont pas présentées comme des êtres fragiles qu'il convient de protéger, mais plutôt des entités puissantes qui embrassent leur propre vulnérabilité face à l’existence.
Amielle Clouâtre, de par son objectif délicat, capture quant à elle l'essence des paysages qu’elle rencontre. Ses photographies, empreintes de nostalgie, nous transportent vers des littoraux lointains où les lignes fuyantes et les jeux de lumière transmettent une impression subtile. Les couleurs feutrées et les formes évanescentes laissent ainsi entrevoir des émotions enfouies dans les méandres de la mémoire.
En présence l’une de l’autre, les œuvres se transforment en reflets brumeux où la réalité se trouble délicatement. Une connexion subtile entre le paysage et le corps s'établit, permettant une exploration de l'identité féminine. On dirait que la nature elle-même s'est incarnée dans la peau des femmes, et la solitude, discrète compagne de création, se fait le reflet d’une introspection profonde. Les œuvres invitent à contempler le repli fréquemment imposé aux femmes. Les paysages dépeints deviennent des refuges, des lieux intimes où ces dernières peuvent enfin déployer leur récit.
À travers « À moi seule », Cazo et Clouâtre tissent une trame d’une sensibilité troublante. Leur travail résonne en nous comme une eau qui se fond avec les rivages, comme un horizon qui s'étend à l'infini, comme une voix qui trouve enfin son écho.
