Catherine Morin | Gyre

Catherine Morin | Gyre

L’exposition Gyre dévoile le travail intuitif et innovateur de l’artiste montréalaise Catherine Morin. Elle se plaît à prendre refuge dans l’acte de peindre ; elle y trouve une solitude réconfortante, prêtant à son imaginaire un élan créatif sincère et sans mesure.

Dans ses œuvres, Morin adapte le symbole de l’ouroboros, traditionnellement représenté par un serpent se mordant la queue, a des thèmes plus modernes. Elle porte également une curiosité grandissante vis-à-vis la céramique, d’où son illustration dans certains de ses tableaux.

Artiste 
Catherine Morin

Date
Vernissage 5 septembre 2024

Self Eating Blue Dog, 2024
Huile sur toile, 19'' x 26'' 

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L’exposition Gyre dévoile le travail intuitif et innovateur de l’artiste montréalaise Catherine Morin. Elle se plaît à prendre refuge dans l’acte de peindre ; elle y trouve une solitude réconfortante, prêtant à son imaginaire un élan créatif sincère et sans mesure. Elle porte également une curiosité grandissante vis-à-vis la céramique, d’où son illustration dans certains de ses tableaux. Ce médium, exploité par diverses cultures depuis des milliers d’années, captive Morin en raison de son humble accessibilité permettant à chacun de façonner, de modeler et d’innover. Issue du sol, molle et informe au départ, l’artiste se voit transformer la terre en quelque chose de sublime, mais fragile. La porcelaine, en particulier, comporte une mémoire de forme, ce qui la rend plus difficile à manier. Cette difficulté à dompter l’échantillon terrestre séduit d’autant plus Catherine qui prend plaisir à manipuler cette mémoire tangible : « Avec la mondialisation, nos objets viennent de plus en plus loin et je crois que ça exacerbe notre rapport avec eux, comme une déconnexion, on en oublie presque que les gens les ont façonnés, d'où viennent-ils, qui et combien de personnes les ont touchés, façonné? »

Ce phénomène de déconnexion et d'interconnexion trouve un écho particulier dans le terme « gyre », qui renvoie notamment à un système de courants océaniques rotatifs, mais qui évoque aussi plus largement la notion de cycle et de flux perpétuel. Dans ses œuvres, Morin adapte le symbole de l’ouroboros, traditionnellement représenté par un serpent se mordant la queue, a des thèmes plus modernes. Particulièrement, le fil incessant de nouvelles sur les réseaux sociaux, sans fin ni résolution, reflète pour elle un monde dans lequel l’information est consommée et remplacée à une vitesse vertigineuse. Elle ajoute aussi un symbole, celui du chien, pour agrémenter sa réflexion. Ce dernier, incarnant à la fois la bestialité et la douceur, la dominance et l’amour inconditionnel, renforce l’idée que les comportements humains sont façonnés par des forces, des courants, internes et externes, le plus souvent contradictoires.

En intégrant certains objets à ses tableaux, Morin conçoit un environnement confortable à ses personnages qui sont alors entourés de leurs possessions familières. L’artiste invite ainsi à se poser des questions sur notre rapport avec ceux-ci ; est-ce que ces biens ne sont pas les témoins d’un détachement et même d’une forme d’anesthésie relationnelle vis-à-vis l’essence de leur provenance, de leur formation ? Accompagnés d’objets, d’accessoires et d’autres banalités quotidiennes, les protagonistes des toiles soulignent notre déconnexion face à la valeur intrinsèque de ces matériaux, à leur processus de création et de destruction. Morin nous rappelle que chaque élément journalier, ordinaire ou habituel, est le résultat d’un processus complexe et riche, méritant éventuellement notre attention et notre respect.