(English below)
Les lieux de vacances sont des « mondes idylliques, où l’on peut consommer l’amour et le sexe comme une cup de Keurig ».
Les vacanciers de Catherine Morin prennent racine dans une tradition socio-économique particulièrement moderne du loisir. Leurs lieux de vacances sont des endroits synthétiques : ce sont des environnements fabriqués, transitoires, et souvent saisonniers, créés pour favoriser le repos ainsi que des activités agréables dans un cadre idéalement verdoyant et qui doivent indispensablement offrir un dépaysement, l’impression de s’évader.
Ces lieux semblent conçus pour le plaisir et la détente, mais, ironiquement, peuvent souvent devenir désagréablement bondés. En effet, ses vacanciers semblent parfois prendre de la place, et transmettent cette insupportable impression d’être assiégé par des touristes bruyants, flagrants et gênants — d’autant plus pénibles lorsqu’ils s’avèrent être des compatriotes…
La plupart de ces vacanciers sont des snowbirds, qui, historiquement, furent pour la plupart des retraités nord-américains voyageant vers le Sud — soit au sud des États-Unis ou plus loin encore, vers le Mexique, les Caraïbes et l’Amérique Centrale — afin d’échapper à la saison froide, notamment en véhicule récréatif. La plupart sont de classe moyenne et leurs fortunes varient.
Morin met en scène des vacanciers comme s’ils avaient été croqués pour une photo-souvenir. Parfois, ils posent : de manière un peu coincée, comme une adolescente qui se tient, pataude, près du winnebago familial, ou deux individus gênés, leurs membres croisés autour de leur corps comme s’ils se cachaient ; dramatiquement, avec une jambe arquée perchée d’un talon aiguille ; de manière sexy, comme une odalisque bronzant sur un transat ; ou encore à contrecœur, comme s’ils acceptaient de se faire photographier uniquement pour faire plaisir à quelqu’un d’autre. À d’autres moments, ils sont présentés, comme si croqués sur le vif, dans la langueur d’une sieste sous un soleil de midi ; en s’esclaffant et s’éclaboussant dans une piscine ; en cancanant de manière animée ou en arrosant le gazon de leur lot de camping tandis que les saucisses rissolent sur le gril.
— F.P.
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The vacationing place is “an idyllic world, where one can consume love and sex like a cup of Keurig.”
Catherine Morin’s Vacationers take root in a particularly modern socio-economic tradition of leisure. Their lieux de vacances – or, vacationing spaces, are synthetic ones. They are fabrications, transitory and often seasonal environments created to allow for both enjoyable activities and respite in (ideally) lush surroundings and which, crucially, must offer the untranslatable dépaysement or the experience of ‘getting away from it all’.
These places are seemingly designed for pleasure and unwinding but ironically can often and irritatingly become crowded. Indeed, her vacationers seem at times to take up space, and convey that feeling of being irritatingly beset by loud, blatant and embarrassing tourists – all the more so when they turn out to be compatriots…
Many of Morin’s vacationers are ‘snowbirds’, who were, historically, for the most part retired, North Americans travelling South – either to the meridional US states or further down to Mexico, the Caribbean and Central America – to escape the cold weather, many of them by way of recreational vehicles, or RVs. Most of them are middle-class, ranging in fortune.
She portrays her vacationers as though they had been photographed for a memento – at times posing, sometimes stiffly, like a teenager, standing gawkily next to her family’s Winnebago or two self-conscious individuals, limbs crossed over their bodies as if to hide; dramatically, with an arched leg and stiletto heel; even sexily, like an odalisque on a lawn chair; or yet, begrudgingly, as if agreeing to be snapped for someone else’s sake. At other times, they are portrayed quite candidly, captured languidly napping in the midday sun; guffawing and splashing about in the pool; gossiping animatedly; or, watering their campground lot lawn while grilling sausages on the barbecue.
— F.P.